ENTREVUE AVEC LES DIRIGEANTS (1 de 2)
Armés d’un magnétophone et d’une foule de questions, je me suis entretenue avec les dirigeants de cette belle entreprise québécoise, Pierre Roy (président) ainsi que Christian Pelletier (vice-président).
Combien de temps avez-vous «
incubé » l’idée avant de la mettre au jour?
- Pierre Roy : À l'époque, on faisait partie d'une compagnie
qui offrait différents produits, dont un modèle de treuil. On a alors eu l'idée
de développer notre treuil et de fonder une petite entreprise qui revendrait ce
treuil à la première entreprise. Mais en voyant le potentiel, je me suis dit «
Je me consacre à ça uniquement », et là ça a pris à peu près 9 mois, comme pour
un bébé, pour sortir les premiers produits.
- Christian Pelletier : Mais tu sais, ce qu’il faut savoir, c’est que
ça été incubé par Pierre : moi je n’ai rien à voir dans la conception du
produit! [Rires] C’est important à dire parce que ça l'air d'une histoire
simple, mais en réalité, c'était assez compliqué. La raison pour laquelle je me
suis retrouvé dans cette aventure, c'est qu'à ce moment-là, je travaillais pour
Pierre, j’ai suivi Pierre dans différentes entreprises au fil du temps, il y a
eu des hauts et des bas et toutes sortes d’aventures. Mais quand cette idée-là
a germé, Pierre m’a dit « Tu veux-tu être partner ». Moi, pas plus fou qu’un
autre, j’ai dit oui! Tu sais, être à la bonne place au bon moment.
Quand on a démarré Portable Winch, je ne travaillais même pas dans l'entreprise,
je prenais des vacances de mon autre travail pour y travailler.
Quelle a été la réaction de vos
proches à l’annonce du démarrage de l’entreprise?
- Pierre : Moi en fait quand j’ai décidé de me consacrer à ça à 100 %, ce
n’est pas tout le monde qui y croyait! [Rires] Le démarrage, ça a été dans mon
sous-sol. Le timing a fait que ma conjointe est partie
travailler à peu près 2 semaines après que j’aie commencé le projet. C’était
parfait parce qu’il n’y avait pas grand argent qui rentrait! [Rires] Ça a quand
même été relativement long avant de commencer à en vendre. Ça aussi ça ne se
fait pas tout seul! Puis on y est allé tranquillement, à la bonne vitesse dans
le fond!
Combien de temps ça a pris du
sous-sol à l’usine?
- Pierre : En fait, du sous-sol à un local ç’a été presque un an et demi. On
louait de l’espace d’entreposage où on pouvait aller faire l’expédition des
commandes. On avait aussi un fournisseur où on pouvait faire l’assemblage
des treuils et la production d'accessoires. Après ça le stock était transféré
dans l’entrepôt. Il n’y avait pas d’usine physique!
- Christian : Mais pour revenir sur l’histoire de la
réaction des proches, dans ce temps-là, il y avait une série télé qui
s’appellait Friends. Dans la série, il y avait un personnage, Chandler,
dont personne ne comprenait le métier... Bien moi, c’était un peu ça! Les gens
savaient que je travaillais à Tremblant parce que j’étais parti dans les
Laurentides, mais on the side j’avais une compagnie. Ma mère
ne savait pas trop ce que je faisais au début. Et quand j'ai rencontré ma
femme, je faisais des blagues avec ça, mais même aujourd’hui quand on
rencontre du monde et qu'ils demandent ce que tu fais dans la vie et que
tu dis « Je vends des Portable Winch »…
- Pierre : Personne ne sait c’est quoi!
- Christian : Ça fait 16 ans qu’on éduque le monde sur c’est
quoi des portables winchs!
C’est quoi votre pitch de
vente quand vous devez expliquer où vous travaillez?
- Christian : Eh boy! On a travaillé ça, on est rendu avec
une phrase magique : Portable Winch s'efforce d'OFFRIR DES PRODUITS SIMPLES ET INNOVANTS POUR ACCOMPLIR DES TÂCHES
LABORIEUSES.
Comment vous sentiez-vous lorsque
vous avez embauché votre premier employé?
- Pierre : En fait, le premier employé que j’ai embauché travaille encore ici.
Je l’avais engagé comme stagiaire. Gabriel (David) suivait un cours de commerce
international. Il était immigrant et venait d’arriver au Canada.
Ça fait combien de temps environ
qu’il travaille ici?
- Pierre : Ça va faire bientôt 14 ans et nous en sommes très
fiers!
Comment vous est venue l’idée de
Portable Winch?
- Christian : Comme on l'a dit au début, l'entreprise
vendait différents équipements surtout pour travailler dans le bois. Ils étaient
principalement destinés à des gentlemen forestiers, des gars qui sortent du
bois pour s’amuser le weekend. À travers le temps, on a vendu différents
modèles de treuils, comme des treuils qui s’installent sur des scies
mécaniques, ce qui se vend encore aujourd’hui d'ailleurs, mais qui n’ont pas du
tout évolué.
- Pierre : Au départ, ça devait juste être pour fournir l’autre entreprise,
mais on a vite su qu’il y avait un potentiel de vente à l’international et que
le produit avait beaucoup de valeur au cubage, donc sur une palette, on pouvait
expédier pas mal de treuils. C'était évident qu'on devait concentrer nos
efforts sur ça.
- Christian : En plus, ce que Pierre a fait de différent,
c’est qu’au lieu de faire seulement des treuils, il a aussi réfléchi à des
accessoires pour les compléter. Parce que le problème de la plupart des
compagnies qui vendent des treuils, c'est qu'ils les vendent en disant aux
clients « bonne chance et arrangez-vous! ». Tandis que lui avait déjà la vision
de dire « je peux aussi t’offrir des accessoires, ce qui pourrait être utile
dans l’utilisation du treuil selon ton application ». Quand tu as un client
dans un salon, de chasse par exemple, et qu’il te dit qu’il voudrait faire tel
type d’utilisation, on peut déjà lui dire « voici les accessoires qui ont été
pensés expressément pour toi, avec lesquels tu devrais
travailler. » Ça fait toute la différence!
En 3 mots, comment décririez-vous
le premier prototype de Portable Winch?
- Pierre : Le premier qu’on a essayé, en fait ça ne marchait pas.
- Christian : Tu vois, moi j’aurais dit « proche »!
- Pierre : Mais c’était quand même très proche! On était déçu ce matin-là,
[rires] mais on a fait quelques aménagements externes.
On dirait donc « ne marchait pas
», « était proche » par contre, et?
- Christian : Moi je dirais « encourageant ». C’est
drôle ce matin-là, le tambour [du prototype] ne tournait pas du bon bord quand
on a tiré, ça n’a pas marché. Mais quand même, de là, ça n’a pas été si
compliqué et si long d’aller à la prochaine étape.
- Pierre : Mais tu sais, il faut se rappeler qu’on pense que ça va fonctionner
du premier coup, mais c’est rare que ça marche du premier coup! Même que je
pense que ça serait vraiment exceptionnel!
- Christian : Je suis justement en train de finir [le livre
sur la vie de] Steve Jobs, et tu réalises que même dans les plus grandes
entreprises, lors des lancements, ce n’est jamais prêt. Imagine, ils ont des
centaines d’employés! Donc, pour une seule personne, penser à tout n’est pas
possible. Au final, tu te lances et tu croises les doigts! Mais on peut
certainement dire que c’était proche et encourageant!
Si on se projette dans le futur,
où voyez-vous Portable Winch en 2023? (ce qui soulignerait le 20e anniversaire
de l’entreprise.)
- Christian : À Sherbrooke! [rires]
- Pierre : On prévoit un agrandissement ce printemps, donc on
devrait, en principe, se rendre en 2024! On va être au même endroit et on
espère qu’on va avoir pas mal le même personnel en place et quelques-uns de
plus. On pense aussi que notre marché va être beaucoup plus développé du côté
des États-Unis puis dans certains pays d’Asie.
- Christian: L’autre aspect après ça, c’est peut-être une vague
de partenariats. Puis avec la sortie du treuil à batterie l'automne dernier,
l’évolution des produits vers tout ça, il y a des opportunités qui se
présentent.
La suite de cette entrevue,
davantage personnelle et rigolote. Poursuivez votre lecture!